Faut-il avoir souffert pour écrire ?

Faut-il avoir souffert pour écrire ? On dit souvent que les auteurs sont des personnes qui ont beaucoup souffert. Ce sont des marginaux, rejetés dans les coures de récréation et des asociaux. Des personnes tellement décalées qu'en étant petit, elles avaient du mal à se faire des amis ou à s'intégrer dans groupe.
Qu'en pensez-vous ?

Je propose une solution vue d'un autre oeil : est-ce que les auteurs écrivent parce qu'ils ont souffert, ou bien ils ont écrit et ont donc souffert?

Citation :

ils ont écrit et ont donc souffert

Personnellement, je ne pense pas. L'écriture vient d'une envie de s'échapper de notre monde pour aller dans le sien, celui de l'imagination. Si les auteurs font ça, c'est justement pour s'évader quand ils en ont besoin. Une fois que l'auteur écrit, il se sent beaucoup mieux. Il a un répit.
Enfin, c'est ce que je pense...

Je pense plus ou moins pareil : juste, selon moi, c'est un cercle vicieux : un petit problème, ou juste un mal-être passager, un refuge dans l'écriture, un plaisir dans ce refuge, donc un enfoncement dedans, puis un associabilité qui se forme, etc.

Oui, tu as raison. L'auteur n'est pas vraiment fait pour vivre en société. Il est trop bien dans ces mondes Cependant, je pense qu'un fois que l'on écrit, on est certes associable mais on en est pas mécontent...

Franchement, je pense que la souffrance participe à une meilleure observation du monde et souvent, j'ai pu le voir chez des amis à plus d'empathie et ce sont des qualités non négligeables pour un écrivain.
En ce qui concerne ma propre expérience, j'ai eu une enfance malheureuse, une vie jusque là pas très facile mais à la fois, je me souviens qu'à l'époque de l'âge d'or sans nuage (maternelle), j'exprimais déjà l'envie d'être "raconteuse d'histoire" et j'avais un imaginaire débordant. Donc je pense que c'est dans ma nature d'écrire et que c'est les aléas de la vie qui m'ont fait perséverer!

"raconteuse d'histoire"? Alors t'as mieux commencé que moi, le Merlin était parti pour être "racontateur d'histoires"

Mais bon, pour en revenir au débat, je ne pense pas que l'écrivain soit forcément asocial ou malheureux. Il y en a, pas mal, mais les fora témoignent tout de même du désir de reconnaissance du scribouillard. Après, ce qu'on peut se demander, c'est l'écrivain est-il asocial, ou justement trop désireux d'être social - mais en compagnie d'autres gens à même de le comprendre?

Citation :

ce qu'on peut se demander, c'est l'écrivain est-il asocial, ou justement trop désireux d'être social - mais en compagnie d'autres gens à même de le comprendre?

L'écrivain est une bête mystérieuse et assez spéciale

je ne crois pas qu'on écrit parce qu'on a souffert. la souffrance tout le monde y a le droit un jour ou l'autre.
seulement l'écrivain sait utiliser la souffrance dans son écriture, d'où le fait qu'on les caractérisent souvent comme des être hyper torturés. mais ils ne font que retranscrire des émotions que tout le monde peut ressentir un jour ou l'autre.

Dans mon cas personnel, je n'ai pas eu une enfance malheureuse, très loin de là. Je ne suis pas non plus un asocial même si j'ai parfois du mal à m'intégrer. C'est plutôt lié à ma timidité naturelle.
A mon avis, l'écrivain n'est pas forcément quelqu'un qui a souffert plus que les autres. Tout le monde passe par des moments de souffrance. Par contre, il faut savoir s'appuyer sur ses petites expériences et sensations quotidiennes et les développer et les gonfler pour en faire matière à écrire.

Myrine a écrit:

je ne crois pas qu'on écrit parce qu'on a souffert. la souffrance tout le monde y a le droit un jour ou l'autre.
seulement l'écrivain sait utiliser la souffrance dans son écriture, d'où le fait qu'on les caractérisent souvent comme des être hyper torturés. mais ils ne font que retranscrire des émotions que tout le monde peut ressentir un jour ou l'autre.

Je serais tentée aussi de penser la même chose mais ma foi, c'est une question sur laquelle on aura jamais de réponse. Une sensibilité à part plus qu'une question de vécu?

"souffert", le mot est un peu fort. J'ai eu besoin de m'exprimer à cause d'un certain mal-être, et j'ai remarqué qu'en écrivant, il avait tendance à se dissiper, parce que je tombe dans une sorte de transe qui fait que j'ai l'impression que ce mal-être se transmet dans mes mots, et d'y être tout à coup étrangère. (moi, bizarre ?)

Citation :

(moi, bizarre ?)

Comme tous les auteurs !

A croire qu'on vit dans un monde parallèle !

Oui

D'aussi loin que je me souvienne, j'imaginais des histoires et des choses fantastiques. Ecrire, les adultes trouvent ça mignon quand on est enfant... pour mieux vous en dissuader plus tard: "passe ton bac d'abord", "va faire ton CAP coiffure pour faire un vrai métier". Je caricature, mais j'exagère à peine.
Tout ça pour dire qu'il est bien évident que les auteurs des foras que j'ai rencontrés jusque ici n'étaient pas les "top populaires" de leurs établissements scolaires et que les quelques ados qui viennent dans ce genre d'espace sont trop "cérébraux" pour préférer la "star à con***ie" et le langage texto à leurs univers.

Expérimenter de vraies souffrances est malheureusement formateur pour l'esprit: "tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort" n'est-ce pas. Le talent de l'écrivain c'est de transformer ses souffrances en matière à écrire ou du moins d'avoir suffisamment d'empathie pour se mettre à la place des autres.

Pour ma part j'ai connu la persécution pendant la majeure partie de mon adolescence, il est certain que cela s'en ressent sur ce que j'écris.

J'ai commencé à écrire parce que je me sentais seule, quand j'étais toute petiote. Je n'avais pas les mêmes jeux que les autres, je ne parlais pas des mêmes sujets...

Puis j'ai arrété un temps l'écriture. Je l'ai repris vers l'adolescence quand tout allait mal. J'ai écrit épisodiquement. Mais j'ai commencé à écrire de plus en plus quand j'ai souffert du décès de mon père.

A chaque souffrance, je me réfugiais dans l'écriture, car cela m'apportait du réconfort, un regard extérieur sur ce qu'il m'arrivait et cela me faisait oublier un temps mes malheurs.

Mais certains auteurs écrivent sans avoir souffert.

Cela dit pour écrire sur certains sujets ( le meutre, la mort, le viol), le passage aura plus d'impact et de crédibilité si l'auteur a vécu lui-même cela.

Moi pareil, j'ai commencé à écrire parce que je me sentais seul ( en primaire)... j'ai toujours été un grand rêveur et aimais la solitude pour pouvoir penser, m'évader. Je suis beaucoup moins solitaire aujourd'hui mais je suis toujours aussi rêveur...